mardi 20 mai 2014

Violence contre les femmes aux Moyen-Orient: Entre

Violence contre les femmes aux Moyen-Orient: Entre Omerta et Action

http://femmesbattues.blogspot.com/2009/03/violence-contre-les-femmes-aux-moyen.html

Avant toute chose, il serait bon de rappeler que la violence domestique ne connaît pas de frontières, qu'elle n'est pas l'apanage ou la marque de fabrique d'une certaine région du monde. Elle touche toutes les couches sociales, ne connaît pas de différences géographiques et ne s'embarrasse pas d'épargner une quelconque catégorie de personnes. Il existe en outre plusieurs types de violence contre les femmes, celle qui provient de son partenaire ou celle qui a lieu en période de conflit armé, où le corps de la femme devient champ de bataille. Ces violences peuvent être physiques ou psychiques, les deux allant souvent de paire.
A l'heure où une réponse globale se dessine pour agir activement contre la violence domestique ( Beijing Platform for Action, qui date de 1995 mais qui continue à évoluer et à être appliquée), il est grand temps que les gouvernements du Moyen-Orient sortent de leur inertie et travaillent à la prise en charge de ce fléau.
Il est tout d'abord fondamental de définir clairement ce qu'est la violence domestique. Selon l'UNICEF :
« La violence domestique est une forme de comportement agressif et coercitif, incluant la violence physique, sexuelle et psychologique, ainsi que coercition économique, exercée par un adulte ou un adolescent à l'encontre de son partenaire intime actuel ou ancien. Les exemples de violence physique incluent : gifler, secouer, donner des coups de poing ou battre avec un objet, étrangler, brûler, frapper et menacer avec un couteau.
Les exemples de violence sexuelle incluent : contraindre, par force ou intimidation, à des contacts sexuels non souhaités, forcer à participer à des actes sexuels devant d'autres personnes et forcer à avoir des relations sexuelles avec d'autres personnes.
Les exemples de violence psychologique incluent : isolement, jalousie excessive, prise de contrôle, agression verbale, intimidation par comportement violent ou menaces, harcèlement, insultes et humiliations constantes[1]. »
Ainsi donc, au même titre que la torture, est considérée violence domestique non pas seulement la violence physique, mais aussi la maltraitance psychologique. Si nous poursuivons notre parallèle avec la torture, il devient bon de rappeler que dans le cadre de la violence domestique le bourreau n'est pas un agent de l'Etat, ou un quelconque anonyme sans visage. Dans le cas qui nous intéresse, le bourreau est un (le plus souvent) un homme de la famille, un mari, un parent, en bref, quelqu'un que l'on a aimé. Et ce sont bien les restes de cette affection première qui font que la femme maltraitée se trouve dans une situation de dépendance affective par-rapport à son bourreau, ce qui rend d'autant plus difficile toute plainte déposée devant des officiels.
Au Moyen-Orient, les sentiments et l'affection que l'on peut porter au maltraitant ne sont pas les seuls facteurs de silence et de repli sur soi. La société, le poids des mentalités, ainsi que les normes et valeurs si profondément ancrées dans la psyché des victimes elle-même sont d'énormes barrières à la résolution du problème. Au Moyen-Orient, point de conseiller conjugal et d'Etat protecteur : la femme maltraitée peut se considérer comme chanceuse si elle peut se reposer sur sa famille, ce qui n'est pas toujours le cas.
Il existe plusieurs barrières qui empêchent une femme moyen-orientale maltraitée d'obtenir gain de cause.
Premièrement, il existe parfois des cas où la femme elle-même ne se rend pas compte qu'elle subit des mauvais traitements. Dans les sociétés moyen-orientales, à forte tendance patriarcale, les attitudes irrespectueuses et/ou violentes envers la gente féminine sont monnaie courante, et la femme peut croire que le comportement des hommes de sa famille est tout à fait normal « puisque tout le monde fait la même chose ».
En outre, il est très difficile pour une femme d'aller porter plainte contre son mari ou un homme de sa famille l'ayant maltraitée. Ainsi, au Liban, où les affaires civiles et familiales sont prises en charge par les différentes Eglises et entités religieuses, les femmes maltraitées se verront soigner certes, mais aussi vivement conseiller de renter chez elle pour ne pas briser la famille. La situation féminine dans les autres pays du Moyen-orient n'est pas plus reluisante: entre les crimes d'honneur en Syrie et en Jordanie, ou la Sharia en Arabie Saoudite qui considère la femme comme la propriété des hommes de sa famille, les femmes sont en position de faiblesse pour négocier une amélioration de leur condition[2]. Il est ressorti d' une étude de l'UNIFEM parue en 2005 portant sur la violence contre les femmes en Syrie que, sur 2000 familles, 67% des femmes avaient été « punies » devant les autres membres de leur famille et sur ce pourcentage, 87% avaient été battues[3].
A ces éléments s'ajoutent la présence de conflits armés qui aggravent encore ce genre de statistiques. Le conflit armé en tant que tel est le plus souvent synonyme de violence faite aux femmes en tant qu'arme de guerre. Le corps des femmes devient une extensions des champs de bataille à mesure que les viols et autres atrocités se répètent. Par ailleurs, les déplacements forcés, le chômage et le stress traumatique engendrés par le conflit fait que malheureusement, dans de nombreux cas, le conjoint se défoule sur sa femme. Ce phénomène a été récemment observé dans les camps de réfugiés irakiens en Jordanie[4] et au Liban et révélé dans une étude de l'Organisation Mondiale des Migrations sur l'état mental des réfugiés irakiens dans les camps de réfugiés de ces deux pays. Cette étude explique cette recrudescence de la violence par l'absence de travail et d'interaction sociale entre les réfugiés[5].
L'on aurait cependant tort de penser qu'aucun effort n'est mis en place au Moyen-Orient pour confronter ce problème. La société civile, ONGs en tête, se mobilisent aussi bien au niveau du plaidoyer que des services et structures mis en place. Ainsi, au Liban, la femme battue peut trouver refuge au Center For Women in Crisis mis en place par la YWCA du Liban. Ce centre est dédié à toutes les femmes en crise, que la crise en question soit un conflit armé ou un cas de maltraitance privé. Ces femmes se voient protégées, écoutées, accueillies avec leurs enfants si besoin est, et peuvent accéder à des soins ainsi qu'à des conseils légaux[6]. Si elles décident de rester au Centre, elles peuvent bénéficier de différents cours qui leur permettront d'être indépendantes financièrement et de recouvrir leur dignité et leur confiance en elles. La YWCA n'est pas la seule organisation féminine à aider et à faire du lobbying contre la violence domestique. En effet, le réseau des femmes libanaises mettent à disposition un site web très bien documenté, donnant différents conseils pratiques et offrant aux professionnels de nombreuses publications[7]. La situation des femmes évolue également en Iran où les femmes battues osent de plus en plus déposer une demande de divorce, avec une solide chance de se faire entendre[8]. Cette évolution est sans nul doute à relier avec l'explosion de l'éducation des femmes et de leur forte présence dans les universités. The Campaign for One Million Signatures en Iran, ou la campagne globale Stop Honour Killings sont autant d'exemples de l'activité accrue des femmes -et de certains hommes- de la région pour influencer les mentalités et les gouvernements.
L'éducation justement, alliée à un plaidoyer constructif auprès des gouvernements pour faire changer des lois obsolètes encore présentes dans les codes civils des pays moyen-orientaux, ainsi qu'une plus grande participation masculine dans les questions féminines constituent le trio indispensable à une évolution des mentalités. Il serait bon d'agir au niveau local, en fournissant des services aux femmes qui en ont besoin d'une part et en lançant des campagnes de sensibilisation afin d'influencer le gouvernement d'autre part, mais aussi au niveau régional, où les femmes devraient œuvrer pour la constitution de réseaux.
Et messieurs, rappelez-vous: REAL MEN DON'T HIT WOMEN!!!

[1] Derrière les Portes Closes, L'impact de la Violence Domestique sur les Enfants, UNICEF, The Body Shop, Faisons reculer la violence domestique, http://www.unicef.fr/mediastore/7/2216-4.pdf?kmt=18e0a96f8c3d8683444e34a159d84de0
[2]World YWCA, Empowering Young Women to Lead Change, a Training Manual
[3]Baumler Julie L., Violence Against Women in the Middle East, www.bellaonline.com
[4]http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=77998
[5]http://www.iom.int/jahia/Jahia/pbnAF/cache/offonce?entryId=16707 - Assessment on Psychosocial Needs of Iraqis Displaced in Jordan and Lebanon
[6]YWCA of Lebanon Shelter gives abused Women and Children a New Start, www.worldywca.info
[7]Www.lebanesewomen.org
[8]Starting at home, Iran's Women Fight for Rights, The New York Times, 23/02/2009 , www.awid.org

Posted by Joseph Daher/ Paola Salwan on Cafe Thawra - March 2009
Publié par I.F. à 13:21
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