vendredi 9 mai 2014

Des mesures contre les violences faites aux femmes - L'Orient-Le Jour

Des mesures contre les violences faites aux femmes - L'Orient-Le Jour

Des mesures contre les violences faites aux femmes

Trois femmes en un mois sont brutalisées, battues par leur conjoint, avec une violence indescriptible jusqu'à ce que mort s'ensuive. Elles sont mortes dans la jungle des hommes ; car il n'y a pas que les animaux sauvages qui vivent dans une des jungles de cette planète ; il en existe encore de nos jours, une, infestée par quelques hommes indomptables. Je reprends une citation de Charlie Chaplin : « L'homme n'est qu'un animal à demi dompté, qui pendant des générations a gouverné les autres par la fourberie, la cruauté et la violence. »
Toutes les formes de violence faites aux femmes sont observées, dans l'indifférence presque totale des responsables. En dépit de la prise de conscience nationale croissante du problème et de la volonté déclarée de l'État de la combattre, les femmes et les filles subissent toujours cette violence bestiale que ce soit dans le cadre des conflits armés ou en temps de paix, dans la famille, aux côtés d'un partenaire, au sein de la communauté ou aux mains d'agents de l'État.
Au Liban, et partout dans le monde, on assiste à une explosion inquiétante de toutes les formes de violence contre les femmes ; des violences conjugales aux violences sexuelles, au harcèlement, aux pratiques traditionnelles dont la polygamie, l'excision, le crime d'honneur, etc. Ces violences expriment nettement la volonté machiste de placer les femmes en position d'infériorité par rapport aux hommes.
Les femmes sont brutalisées deux fois ; une première fois en tant que victimes de l'agression et une deuxième fois dans la recherche d'une justice inexistante. En effet, au lieu d'assumer leurs responsabilités, les États ignorent fréquemment, ou bien dénient, la violence contre les femmes, voire la justifient au nom de la « culture ». Ses auteurs échappent souvent à toute sanction et ses victimes n'obtiennent que rarement réparation.
Il est vrai que le Liban n'a pas le monopole de ces violences faites aux femmes. C'est un phénomène universel ; par contre, ce qui est demandé aux parlementaires libanais, c'est de promulguer une loi de protection des femmes, punissant les agresseurs et rendant justice aux victimes, des mesures concrètes d'application de la loi. Une loi d'urgence car entre-temps des femmes continuent de souffrir et de mourir.
Je cite quelques chiffres donnant une image des violences contre les femmes dans un pays comme la France. Ces chiffres sont hallucinants : 400 000 agressions en 2012 et 2013 ; 10 % victimes de violence conjugale, 148 décès en un an sous les coups de leur conjoint, 20 % des victimes se manifestent aux postes de police, 154 000 victimes de viol entre 2010 et 2011, 16 % déclarent des rapports forcés. Le coût économique annuel de ces violences pour les contribuables est 2,5 milliards d'euros. Au Liban, nous n'avons pas de statistiques précises à ce sujet.
Une loi non assortie de moyens d'application n'a aucune valeur. En France, les mesures de protection des femmes tentent de protéger, de réduire les risques d'agression, de freiner les récidives.
Voici quelques mesures dont les juristes et les parlementaires libanais devraient s'inspirer pour voter une loi efficace, sinon on tomberait dans une situation encore plus déplorable. Il faut :
1.- Un budget ministériel pour financer les frais de prise en charge des victimes
2.- Créer des centres d'hébergement à l'intention des victimes
3.- Mobiliser les intervenants sociaux
4.- Installer un numéro d'appel d'urgence gratuit et fonctionnel sept jours sur sept
5.- Mettre au point un kit de confirmation en urgence de viols
6.- Interdire l'accès du domicile au conjoint violent
7.- Prévoir un stage de responsabilisation des hommes violents pour prévenir les récidives
8.- Assurer une protection renforcée aux femmes menacées, même sans dépôt de plainte rapide et durable
9.- Recourir à une médiation pénale limitée dans les cas de violence conjugale
10.- Assurer une autorité parentale à l'auteur de crime systématiquement mise en question par la justice
11.- Créer une plate-forme d'écoute et d'orientation
12.- Lutter contre les mariages forcés
13.- Obliger les TV et radios à promouvoir la lutte contre les violences faites aux femmes
14.- Exiger des hébergeurs Internet à faciliter le signalement des appels à la violence pour mieux les combattre
15.- Mobiliser les professionnels de santé, de justice et de police, et soutenir psychologiquement les victimes.
C'est là un aperçu rapide de ce que devrait être la prise en charge des femmes sujettes à des violences. Mesdames, ne soyez pas trop pessimistes, ne désespérez pas, un jour viendra où nos responsables auront le temps de s'occuper de vous. Si les hommes sont laxistes pourquoi est-ce que je n'entends pas la voix des politiciennes qui sont au Parlement ? Je tiens à saluer les efforts formidables de la presse, des organismes de la société civile qui ont dénoncé avec beaucoup d'énergie ces violences et le laxisme des autorités politiques. Enfin, j'invite toutes les personnes et les organisations compétentes à user de leur influence pour faire en sorte que le gouvernement applique ces mesures au Liban afin d'assurer la sécurité, la protection et l'autonomie de femmes, ainsi que leur bien-être physique, psychologique et social.



Envoyé de mon Ipad 

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